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Abbaye de Royaumont

Depuis sa fondation par Saint Louis au XIIIe siècle jusqu'à nos jours, l'abbaye de Royaumont n'a jamais été laissée à l'abandon. Après la Révolution elle est transformée en filature de coton, puis à partir de 1869 en noviciat par des religieuses qui entreprennent les premiers grands travaux de restauration...

L'abbaye de Saint Louis

Saint Louis fonde l'abbaye de Royaumont en 1228 et y fit de nombreux séjours. Royaumont connut alors son plus grand rayonnement. Des moines y vécurent jusqu'à la Révolution. Á dater du XVIe siècle Royaumont vit se succéder à sa tête des abbés commendataires, dont certains prirent goût à l'abbaye et y établirent leurs quartiers de campagne. 

De 907 à la Révolution

Cherchez à 24 kilomètres de Paris sur les bords d'une rivière charmante un pays que l'on nomme Asnières-sur-Oise. Asnières-sur-Oise placée sur la grande ligne des excursions et des chasses royales eut le bonheur d'avoir un château royal où nous retrouvons le fils de Philippe Auguste. Asnières-sur-Oise possède une forêt dont les premiers arbres apparaissent comme un avant poste sur la cime de la colline dont la ville est abritée. Les augustes époux Blanche de Castille et Louis VIII se réfugiaient à Asnières-sur-Oise pour savourer le charme de ses bois, s'y reposer des fatigues et des lassitudes des fêtes de Reims.

Blanche-de-Castille aimait le parc d'Asnières, elle le faisait peupler d'animaux domestiques. Pour Blanche de Castille et son époux, c'était à la fois une maison de plaisance, une station, un point de départ pour les chasses, un séjour d'été et de printemps. Asnières jouissait des avantages d'un climat tempéré. La campagne d'Asnières, sa végétation, son sol plantureux, le site délicieux de ses environs en font un des beaux séjours de France. Asnières surprenait le voyageur par l'extrême propreté de ses rues et l'élégance de ses maisons.
Quand le Roi était à la chasse, la Reine et les princesses assistaient à ces parties de plaisir montées sur des chevaux richement carapaçonnés; même les promenades à âne auraient pu, à l'époque, devenir un luxe en vogue dans la localité d'Asnières. Le nom de la ville rappelle que les habitants primitifs d'Asnières s'occupaient de perfectionner l'âne domestique et l'espèce sauvage. Asnières était une grande ville et, il est opportun de rappeler aussi l'ancienneté d'Asnières et de son château. Elle faisait partie de la division territoriale de Chambliais auquel se substitua au XIe siècle le comté de Beaumont. D'après le plan cadastral d'Asnières, on peut déduire que le nombre d'habitants était fort important en 1260. Les quartiers étaient très diversifiés. Quant au château qui porte depuis le XIIIe siècle le nom de la Reine Blanche, les monnaies que l'on a découvertes portant la date de 901 montrent qu'il est antérieur de plusieurs siècles à Saint-Louis.
Il est question d'Asnières au temps du Roi Robert. Dans son testament, Louis VIII, mort le 7 ou 8 novembre 1226, demandait que "le prix de ses bijoux fut employé à fonder un monastère avec une église en l'honneur et révérence de Madame la Vierge". Ce serait la future abbaye de Royaumont. Il s'agissait de créer un centre de civilisation et de foi. Blanche de Castille et Saint-Louis tenaient à respecter les dernières volontés du fils de Philippe Auguste. Ils achetèrent la terre de Cuimont décidant que le nom serait changé en Royaumont (1228). Les habitants d'Asnières-sur-Oise sont dès le début partisans et défenseurs du projet de Saint-Louis. Avant de partir en croisade (1248), Saint-Louis donna en témoignage de tendresse à la Reine Marguerite de Provence "Asnières, son parc et les autres appartenances".

L'histoire de Royaumont paraît pouvoir se diviser en trois époques.
La première commence en 1228. C'est la période de splendeur qui comprend la fondation de Royaumont construite par Pierre de Montreuil. Cette époque glorieuse se poursuit jusqu'en 1328.

La seconde est marquée par un lent travail de décadence interrompu d'améliorations temporaires. En 1437, pendant la guerre de Cent Ans, le général anglais Talbot prit Pontoise par ruse en faisant revêtir à ses soldats des casaques blanches qui les confondaient dans le paysage enneigé. On comprend pourquoi les anglais tinrent à reprendre cette place forte qui leur frayait le chemin de Paris, et tenait en échec toute l'Île-de-France. Le siège de Pontoise dura trois mois. Les deux armées rivales se trouvaient séparées par l'Oise, dont Charles VII gardait le passage depuis Pontoise jusqu'à Beaumont et Asnières. Henri VI, Roi d'Angleterre, donna en 1430 à Robert Seigneur de Willugby le comté de Beaumont avec les terres d'Asnières et de Luzarches. En 1508, Pierre de la Porte, seigneur du fief de Touteville à Asnières, s'est vu inféodé toutes les terres qui lui appartenaient à Asnières et Royaumont. Au milieu du XVIIIe siècle, la châtellenie de Touteville passa à la maison de Joigny. Une pierre funéraire qui faisait partie des sépultures d'Asnières a consigné un deuil de famille, une catastrophe survenue en 1647. En effet, un des jeunes fils périt à l'âge de 15 ans en se baignant dans l'Oise. Un poète d'Asnières-sur-Oise écrivit un sonnet à la mémoire du jeune homme :

"Mortel arreste et lis l'histoire de mon sort / Le bien que je te veux faict que je t'y convie / En l'avril de mes ans elle me fut ravie / Un peu de volupté nous fait souvent grand tort / Me laissant emporter par une jeune envie / Je trouvay le naufrage ou je cherchois le port / L'inconstance attachée aux choses de ce monde / Secondant en ce jour l'inconstance de l'onde / L'humide sein des flots me fit perdre le jour / Adorons le décret de la bonté supresme"

En 1583, les processions blanches rassemblaient des milliers d'habitants vêtus de blanc portant des croix et des cierges. Il s'agissait de conjurer les fléaux du ciel puisque l'on avait vu un météore lumineux ainsi qu'une large zone de feu au fond du ciel : les habitants étaient consternés mais ce n'était qu'une aurore boréale. Ces rassemblements avaient aussi pour cible les protestants de la région. Un moine écrivain s'installa à Saint Firmin. Auteur de Manon Lescaut, l'illustre abbé Prevost fut frappé d'évanouissement au cours d'une promenade en forêt et transporté à l'abbaye de Royaumont sans connaissance. Il mourut sous le scalpel d'un chirurgien le 23 novembre 1763, peut-être à Royaumont ou à Saint Firmin... Chantilly est en 1780 un foyer d'élégance et de fêtes mondaines. Le Prince Louis Joseph de Condé aimait la chasse et, en sa qualité de grand veneur, ne respectait ni clôtures, ni barrières; les vieillards d'Asnières racontent l'avoir vu plusieurs fois prendre un repas de chasse à l'abbaye. Ces vieillards le voient encore dans son costume de chasseur avec ses guêtres. La révolte gronde, le 19 mai 1790, les habitants de Royaumont virent arriver la municipalité d'Asnières. Elle venait exécuter un décrêt de l'Assemblée Nationale du 20 mars et du 20 avril 1790. Il y était dit : "Les officiers municipaux se transporteront dans la huitaine de la publication des présentes, dans toutes les maisons des religieux de leur territoire, s'y feront présenter tous les registres et comptes de régie, les arrêterons et formeront un résultat des revenus et des époques de leur échéance. Ils dresseront un état et description de l'argenterie, argent monnayé, des effets de la sacristie, des bibliothèques, livres, manuscrits, médailles, et du mobilier le plus précieux de la maison, en présence de tous les religieux". A la suite de quoi, en octobre 1790 tous les voiles furent déchirés. La loi d'octobre votée par l'Assemblée Nationale supprima les ordres et congrégations. Le 14 novembre 1790 un expert nommé par la municipalité de Paris vint évaluer les bâtiments, terres et dépendances (192,413 livres). Le 11 janvier 1791, on mit les scellés à Royaumont. Le 18 mai 1791, on enleva de Royaumont un de ses plus chers trésors, ses antiques reliques données par Saint-Louis pour les transporter à l'église d'Asnières. Deux fanatiques anti-religieux d'Asnières entrainèrent quelques niais à l'église d'Asnières où ils dérobèrent un crucifix pour le trainer dans les rues de la ville.

La troisième période enfin qui va de la fin du XVIIe siècle jusqu'à la deuxième partie du XIXe siècle est marquée par le déclin puis la chute totale avant la Renaissance. Le Marquis de Travannet, seigneur de Viarmes, propriétaire de l'abbaye depuis 1791 ordonna la destruction de la basilique de Royaumont au début de 1792 au nom du comité de Salut public. Ce fut particulièrement difficile car on avait parfaitement assuré "la solidité de ce navire blindé du XIIIe siècle". Il semblait "qu'un blindage invisible empêchait d'entamer l'invulnérable cathédrale de Royaumont".

Après avoir taillé les piliers d'une entaille circulaire profonde, on les relia au moyen de chaînes de fer. On donna un signal et, comme un seul homme, les ouvriers démolisseurs imprimèrent une secousse des plus violentes à la partie amincie de chaque pilier. Ce fut le Waterloo de l'abbaye et la grande déroute d'une armée de gothique architecture. On vit les poutres qui soutenaient la charpente sortir de leur encastrement, les murs se fendre et s'ouvrir, les voûtes, la toiture, le lourd clocher tomber en avalanches avec des gémissements terribles. Mais, seule la tourelle du croisillon nord et le mur du sud résistèrent à la destruction de l'immense église de 101 mètres de long.

Cependant le Marquis de Travannet nommé l'Alexandre Lenoir de Royaumont, heureusement désobéit au comité de Salut public en sauvant le mausolée du Comte d'Harcourt. Il le cacha derrière une montagne de pierres et de décombres. Aujourd'hui ce monument de style baroque réalisé par Coysevox est visible dans le réfectoire de l'abbaye, grâce à la révolte des habitants d'Asnières-sur-Oise en 1863 qui s'opposèrent à sa translation à Nancy.

La Marquis de Travannet installa dans l'abbaye une filature de coton avec ses ouvriers anglais. A sa mort en 1795, l'établissement devint la propriété de son frère qui mourut en 1812 et, le 1er février 1815 Monsieur Vander Mersch acheta Royaumont. En 1818, il y installa une blanchisserie qui prospéra jusqu'en 1832. En 1864, l'abbaye fut rachetée par les oblats qui la restaurèrent avant de la céder aux soeurs de la Sainte Famille de Bordeaux. En 1905, après la loi de séparation de l'église et de l'Etat, la famille Gouin, déjà propriétaire du palais abbatial, acquit l'abbaye et reprit les travaux de restauration.

C'est grâce à cette famille qu'en janvier 1915 les premiers patients des Dames Ecossaises arrivèrent à l'abbaye. Le docteur Elsie Inglis au début de la première guerre mondiale eut l'idée de créer des hôpitaux exclusivement dirigés par des femmes. Sa démarche s'inscrivait dans la lutte des femmes en ce début de siècle pour accéder aux études, au droit de vote et à un meilleur statut social. Elles voulaient participer à l'effort de guerre et montrer leurs compétences.

Dès leur arrivée dans des bâtiments sans électricité, sans chauffage, elles entreprirent l'aménagement de salles d'opération, radios, laboratoires, dortoirs et cuisine. Elles reçoivent les premiers blessés dont le nombre ne cessa de croître. En juillet 1915, ce sont 100 poilus blessés qui arrivent chaque jour. Cet hôpital, opérationnel de 1915 à 1919, comptera jusqu'à 600 lits et verra défiler 10861 blessés.

Le monument des Dames Ecossaises situé à l'entrée d'Asnières, en face de Royaumont, honore la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour notre liberté, salue les actes de courage de ces Dames Ecossaises et de l'abbé Rousselle, curé d'Asnières et aumônier de l'hôpital de Royaumont, qui sur ce lieu, empêcha les allemands d'entrer à Asnières. En 1937, cette famille fonda le Centre Culturel de Royaumont et, en 1964 la Fondation fut reconnue d'utilité publique.

Après la Révolution

L'église de Royaumont fut détruite en 1792. Le nouveau propriétaire de l'abbaye, le marquis de Travanet, fit construire dans le parc, avec les pierres de l'église, les habitations des ouvriers de la filature qu'il installait à Royaumont. Tandis que pour les besoins de l'usine on maltraitait la vieille architecture, le goût romantique des ruines et la vie mondaine des nouveaux occupants drainaient la bourgeoisie parisienne. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les religieuses de la Sainte Famille de Bordeaux s'employèrent à rendre son âme à l'abbaye. Guidées par l'idée de reconstituer l'architecture gothique initiale et pour la gloire de Saint Louis, elles entreprirent de vastes travaux.

Royaumont au XXe siècle

L'abbaye passa au début du XXe siècle aux mains de la famille Goüin qui est à l'origine du Centre culturel d'aujourd'hui. En 1964, Henry et Isabel Goüin, créent la Fondation Royaumont (Goüin-Lang) pour le progrès des Sciences de l’Homme, première fondation privée française à vocation culturelle, devenue Centre international pour les artistes de la musique et de la danse.

 

Les Dimanches à Royaumont

Chaque dimanche, à 15 h 30, la Fondation propose un concert, un spectacle de danse ou une rencontre aux visiteurs, sans supplément de prix.

Ces activités autour de la musique baroque, de l’opéra ou de la danse contemporaine sont gratuites pour les Asniérois comme pour les habitants de la C3PF. Il est cependant demandé de réserver pour s’assurer qu’il reste des places.

Dimanches à Royaumont