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Le lavoir de la rue des Auges - 1

N’écoutez pas ces Messieurs disant que ces dames ne sont là que pour papoter. Ils feraient mieux d’alimenter le feu qui fera bouillir la lessive et réchauffer les doigts engourdis par l’eau glacée de la fontaine du Crocq.

Aujourd’hui, le lavoir est désert. Lors de sa récente restauration, je l’entendais égrener ses souvenirs. Tout prend vie.

  • Marie apporte les dernières nouvelles. On se réjouit, on s’apitoie, on égratigne un peu.
  • Germaine arrive de bonne heure pour avoir la meilleure place (la chaudière est disponible, l’eau est claire).
  • Joséphine attend que le lavoir soit plein pour sortir, mine de rien, une nouvelle pièce de lingerie. Qui la remarquera ? Léontine qui voit toujours tout ?
  • Juliette, perdue de rhumatismes, peste après ses galvaudeux de chenapans toujours crottés.
  • Louise, placée chez les « cols blancs » chuchote qu’à l’usine…

Elles ont un temps oublié le froid, la fatigue et repartent corbeilles remplies d’un linge qui, n’en déplaise à Monsieur Coluche, est plus blanc que blanc.

Ginette Bianchi