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Le lavoir de la rue des Auges - 2

Bonjour, je suis le lavoir de la rue des Auges. Vous m'avez présenté il y a quelques mois déjà, mais trop occupé à écouter les bavardages des lavandières, je n'ai pu vous parler.

Aujourd'hui, un peu cabotin, je prends du recul pour mieux me faire admirer. Ne suis-je pas d'une grande élégance ? En 1845, Monsieur Beyerlé, l'architecte qui m'a conçu m'a voulu à l'image des châteaux et belles demeures de notre village. Il a voulu joindre l'agréable à l'utile ; la beauté pouvant être l'apanage de tout un chacun.

Comme mes prédécesseurs, je me nourris de l'eau de la source du Crocq. Elle chemine sur un pierré traversant le parc de la Reine Blanche et surgit en cascade dans un petit bassin où l'on remplit son seau. Gustave et sa brouette ; un gentil garçon qui avant d'aller à l'école, vient tous les matins déposer le baquet rempli de pantalons de velours ayant "trempé" toute la nuit.

Maman viendra les laver après avoir recouché le petit dernier. Léontine campe fièrement devant l'objectif, elle s'impatiente pressée d'aller chahuter Fernand qui, plus timide, se tient à l'écart. Au crépuscule, les troupeaux descendent des pacages de Carnelle et viennent se désaltérer à l'abreuvoir.

Là, je surveille... N'y-a-t-il pas un veau qui, l'an passé, est venu faire trempette dans mon bassin ! Non mais !!! La nuit va tomber, je protège les amoureux qui échangent de doux serments en tapotant l'eau endormie.

Chut, ils rêvent... chut, je rêve aussi...

NB : nous avons restauré le lavoir sans lui rendre son élégante sobriété ni ses abords. Pourrons-nous le faire un jour ?

Ginette Bianchi