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L'usine Delacoste
Vous ne vous trompez pas. Il s’agit bien de l’usine DELACOSTE que l’on appelle maintenant la « friche industrielle ».
De ces beaux bâtiments, aujourd’hui détruits ou défigurés, il ne reste que quelques ateliers dans la partie sud exploités par différentes entreprises. J’aimerais qu’ils soient conservés en témoignage d’un savoir-faire qui n’existe plus ; leur architecture, l’appareillage des briques est remarquable et doit être respecté.
Les ouvrières campent fièrement devant l’objectif. En ces temps très difficiles, la femme travaille tout autant que l’homme. Chargée d’enfants, ignorée ou exploitée, corvéable à souhait, ouvrière agricole le plus souvent à la belle saison, 1 litre de lait, un sac de farine, un morceau de lard pour tout salaire, des travaux d’aiguille sous un faible éclairage, l’hiver. Les places au service des notables sont toutes occupées aussi : entrer à l’usine…quelle promotion !!!
Exister, avoir un statut, quelqu’argent pour la sécurité ou un peu de superflu...
Les petites filles ont hâte de quitter l’école, d’échanger un bulletin scolaire contre une feuille de paie, le zéro infamant de l’instituteur contre le zéro glorieux qui pourrait marquer les dizaines aux sous rapportés à la maison dans une enveloppe cachetée. Y aura-t-il un sou pour elles ? Pas sûr.
Elles vont grandir, connaître deux guerres, changer l’ordre des choses, faire en sorte que leur fille, leur petite-fille passe de l’atelier au bureau…à la direction.
Ginette Bianchi